Cinéma et Folie, d'une singularité à l'autre : l'aventure des Marx Brothers
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  1. La première consiste à annoncer le sens sans véritablement le montrer. Il est ailleurs, invisible, en coulisse. Il s’agit de la figure de l’illusionniste. Quant à l’autre figure – plus radicale –, le sens serait repéré comme absent, manquant mais maintenu sous forme de croyance. Liée à « une claire perception de l'insignifiance », cette structure qui maintiendrait le sens serait qualifiée d’« inguérissable ». Concernant l'inguérissable, Rosset le distingue de l'incurable : « L'incurable est l'homme atteint d'une maladie à laquelle il n'est pas de remède. L'inguérissable est autre : atteint d'une maladie à laquelle il est d'excellents remèdes, remèdes dont l'administration demeure cependant dans son cas, pour d'assez mystérieuses raisons, sans effet. Il est par conséquent plus profondément “incurable” que l'incurable ordinaire, lequel pourrait toujours s'imaginer guérissant, si l'on découvrait un remède à son cas ; alors que l'autre, l'inguérissable, qui est en quelque sorte vacciné contre tous les remèdes, est à jamais à l'abri de toute guérison possible. Allons plus loin : l'inguérissable c'est l'homme sain d'esprit, c'est l'homme guéri, celui que la guérison même ne réussit pas à modifier. […] Il n'est pas de remède contre la clairvoyance : on peut prétendre éclairer celui qui voit trouble, pas celui qui voit clair. Toute “remontrance” est vaine, adressée à quelqu’un qui a déjà sous les yeux ce qu’on se propose de lui faire voir : on ne lui en “re-montrera” jamais, tout étant déjà montré. » Après avoir fait cette distinction, Rosset constate que l’inguérissable est « aujourd’hui présent à peu près partout, – partout du moins où il n’est pas remplacé par la figure de l’illusionniste. »