Cinéma et Folie, d'une singularité à l'autre : l'aventure des Marx Brothers
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Le bestiaire de Harpo
 
Entre la grenouille blottie dans son haut de forme, les lions soudainement dociles à son contact, le cheval avec qui il entretient des rapports très affectueux, une otarie, experte au jeu de dames et « badgée » comme il le faut pour accéder au train, un canard soigneusement vêtu et une autruche avec laquelle il vient à la rescousse d’un cirque, Harpo est entouré d’animaux.
Dans Principes de sagesse et de folie Rosset mentionne le cas des animaux et ce fait particulier « d’immédiatement susciter chez ceux qui les observent, et peut-être plus que tout autre objet au monde, le pur sentiment de l’existence avec tout le coefficient d’étrangeté que celui-ci implique. » « L’animal a pour condition curieuse et équivoque d’être à la fois manifestement occupé […], mais en même temps, […], tout aussi manifestement occupé à rien. L’animal est ainsi le seul être animé dont l’existence se confonde avec l’existence, et avec l’existence seule. C’est pourquoi il peut, en un sens, être considéré comme le meilleur “témoin“ de l’existence, le seul témoin qui soit à la fois éloquent et crédible. » Entre l’objet inanimé et l’humain, l’animal a un statut à part. Il illustre « la nature étrange et incompréhensible du désir (le vouloir-vivre) » et « la nature tout aussi étrange de l’existence en général ».
Les facultés de Harpo à fraterniser avec les animaux, aussi étonnantes soient-elles, démontrent sa part d’« animalité », sa propension à évoquer un tant soit peu le comportement animal par des analogies morphologiques ou psychologiques. Ses compagnons sont assurément les seuls à bénéficier avec autant de ferveur de ses délicates attentions et à pouvoir, à l’image de son animal fétiche, partager le même repas en toute sérénité.